
L'expérience de la vie, le respect de nos institutions et de la démocratie, ma modeste contribution aux combats politiques et syndicaux m'ont dicté des réactions que j'ai souhaitées aussi neutres que possible
Nous approchons à grands pas d'une période de turbulences politiques où les attaques des candidats entre eux seront dignes d'une cour de récréation du primaire. Pour étancher la soif de pouvoir, aucun ne reculera devant le ridicule, la fanfaronnade, voire l'ignominie ... et nous devrons choisir dans ce panier de crabes. Chacun de nous ne votera pas pour un candidat, mais contre les autres. Comme dans certains jeux télévisés, la règle ne consiste pas à gagner, mais à battre les autres, une nuance subtile mais de taille, une nuance qui fait que l'on est le plus fort mais pas forcément le meilleur parce qu'on est le vainqueur. Vous verrez qu'en essayant d'atteindre le seuil de leur incompétence, certains vont réussir à le dépasser.
Je ne peux me résoudre à rester coi devant tant de suffisance, d'ambitions personnelles, de dédains futurs, de fatuité. Je ne peux me taire devant tant d'injustices que l'on ne perçoit qu'à l'approche d'élections. Je ne peux fermer les yeux devant tant de haines exacerbées pour servir les intérêts d'une poignée d'initiés. Je ne peux enfin rester immobile devant tant de gâchis humain, intellectuel et même financier.
J'ai donc consigné mes réactions dans un essai intitulé "Vues de la France d'en bas" qui sera publié début mars aux édition Thélès. J'y pose des questions, y développe des critiques et y aborde quelques propositions, conscient qu'à chaque chapitre l'utopie me guette; mais combien d'utopistes ont été réhabilités parce qu'ils avaient eu le grand tort d'avoir raison trop tôt ?
J'ose y remettre en cause certains fondamentaux de notre pays, ceux qui me paraissent désuets, qui abondent le favoritisme ou qui amplifient les inégalités. Je m'y interroge de manière candide :
-" Le bon sens serait-il ennemi du pragmatisme comme on essaie de nous le suggérer aujourd'hui ?
- La vie ne serait-elle qu'un rapport à l'argent qui occulterait les rapports humains ?
- Toute idée, libérale ou antilibérale ne serait-elle bonne qu'à jeter aux chiens ?
- La raison n'aurait-elle qu'une base mathématique ?"
Qu'avons-nous fait de votre oeuvre Voltaire, Rousseau ? Où son vos idéaux Docteur Schweitzer, Pierre et Marie Curie ? Qui a épousé vos causes Pasteur, Fleming ? Quelle trace suit-on aujourd'hui du chemin que vous avez débroussaillé Victor Schoelcher ? Qu'éveillent donc vos écrits de nos jours Hugo, Zola ?
Un poignée d'élus sort périodiquement vos noms de la naphtaline, mais ils se gardent bien d'évoquer votre oeuvre sous prétexte qu'elle n'est plus dans l'air du temps, mais en réalité parce qu'elle les dérange.
Pensez donc, parler des gueules noires de 14 ans lorsqu'on veut autoriser l'apprentissage au même âge, évoquer l'abolition de l'esclavage en plein développement du racisme, soigner gratuitement la population quand on favorise l'enrichissement des laboratoires et que l'on veut étrangler la sécurité sociale, prôner la fraternité quand on met tout en oeuvre pour diviser, autant de contradictions qui ne sont pas porteuses de voix aux élections.
Nos institutions aujourd'hui sont comparables à un grand restaurant :
-" Il y a le Gérant Président de la république,le Chef cuisinier Premier ministre, le sommelier Numéro deux du gouvernement, les serveurs Ministres, les commis de cuisine Hauts fonctionnaires, le personnel d'entretien Parlementaires, les clients Industriels et financiers, enfin, sous la table, les chiens : Nous, à qui on jette quelquefois un os à ronger pour éviter d'être mordu."
Attention ! Comme dans "Les oiseaux" d'Hitchcock, les chiens peuvent devenir méchants et incontrôlables ! Cela s'appelle la révolution.
Songez-y, adoucissez vos moeurs, gardez les pieds sur terre, vous n'êtes et ne serez jamais les dieux dont vous rêvez. Pensez que vous tenez le pouvoir de nous et par nous, qu'il est fragile et passager, et que vous auriez tort de l'exercer à nos dépends.
La quiétude est à ce prix. Vous, élus, semblez l'ignorer