Souriez, vous êtes filmés !
Ce sont les mots que l'on a pu lire sur de superbes pancartes dans les grands bazars et les hypermarchés lorsque la loi a donné le feu vert à la surveillance vidéo de leurs rayons.
Depuis, le slogan a disparu ou est dissimulé au croisement de quelques allées des magasins, par contre, les prises de vues se multiplient.
Voici comment se passe notre vie aujourd'hui grâce à l'Etat de plus en plus policier qui veille sur nous avec un zèle qui n'a d'égal que sa volonté de nuire au petit peuple.
Prenez votre voiture et vous risquez à tout moment d'être filmé par ces messieurs de la gendarmerie, de la police et même par votre garde champêtre car la police municipale a le droit de vous prendre en photo par des radars mobiles.
Vous allumez votre portable, et les sbires de l'Etat peuvent vous suivre à la trace d'antenne en antenne pour reconstituer votre trajet.
Vous allez au distributeur automatique de billets, on garde trace de votre passage dans le meilleur des cas et dans le pire, on vous filme sans vous en avertir.
A présent, sous prétexte que la chose fait baisser le taux de criminalité, on vous surveille dans la rue. Le Figaro, chantre de la Sarkozye indépendante et secrète a "pris connaissance d'un rapport confidentiel" remis cet été à Brice de Clermont Ferrand sur l'impact de la vidéosurveillance dans la lutte contre la délinquance. Comme disait Coluche (eh oui, toujours lui…) : quand c'est confidentiel, ça veut dire que personne n'en sait rien. Et voilà le rapport, orienté de sorte que le flicage s'étende le plus largement et rapidement possible.
Ca vaut le coup d'extraire quelques morceaux de bravoure du torchon envoyé au surfeur auvergnat. Dans les villes munies de systèmes de vidéosurveillance, les statistiques des violences physiques augmentent deux fois moins rapidement. D'après les flics, augmenter moins doit signifier diminuer … et le directeur adjoint du Figaro Yves Thréard de fustiger les "beaux esprits qui dénoncent la dérive orwellienne de notre société et qui redoutent de voir partout l'œil inquisiteur de Big Brother". A la lecture de l'éditorial de ce journaliste, on a l'impression de revenir en 1940 sous le régime de l'Etat Français où il était de bon ton de dénoncer son voisin, surtout s'il était gitan, juif ou communiste. Tous les vieux poncifs éculés depuis le passage à l'ère du numérique jusqu'à la résistance droit-de-l'hommiste en passant par la révolution des systèmes d'information, l'explosion de la délinquance ou la menace terroriste sont évoqués dans ce papier. Pour justifier le flicage, il va même jusqu'à prétendre que certains verraient bien la police travailler comme sous Vidocq et généralise l'usage de la Webcam ou de Facebook pour se montrer ou déballer ses sentiments à des inconnus du monde entier, comme si tous les citoyens utilisaient ces méthodes.
Se protéger contre la violence ou protéger son indépendance comme le suggère notre journaleux, ne passe pas nécessairement par la vidéosurveillance et critiquer le PS sur ce sujet comme il le fait ne le grandit pas non plus dans la mesure où, à l'UMP, d'autres sujets comme HADOPI séparent les élus.
Mais enfin, qui a demandé cette étude ? Pour quoi faire ?
Certainement pour envisager une fois de plus de nous rétrécir le champ des libertés, car on a beau jeu de nous expliquer que si on n'a rien à se reprocher, on n'a rien à craindre. Et la liberté individuelle ? Et le droit de se déplacer librement sans que quiconque, même l'Etat n'ait à savoir où et pourquoi ? qu'en faites-vous, Sarko, Fion ou Horte en feu ?
Alors que la libre circulation des hommes et des marchandises est l'une des bases de l'Europe, on vient suivre nos déplacements. Mais, nom de Dieu ! On va la perdre cette manie de légiférer ou d'entraver la liberté de la majorité des citoyens parce qu'une poignée de gueux sème la pagaille ?
Tant que vous y êtes messieurs les sinistres de l'Université Mégalomaniaque du Pire, pondez-nous une loi sur l'interdiction de péter dans les super marchés, un gamin l'a fait devant moi la semaine dernière et ça m'a offusqué. Et pourquoi pas une loi qui interdirait l'ingérence d'un élu de haut niveau dans les débats sur le tout à l'égout alors qu'un notable s'est adonné à cette facétie. Tout cela serait alors rapporté avec moult explications, détails et en toute approbation par la feuille de choux préférée de Notre Saigneur eu égard à son copain le patron du journal, dans un éditorial signé d'un esclave à la courbette facile.