-"Nous allons organiser une large concertation, nous prendrons le temps qu'il faudra et la réforme des retraites devrait être bouclée pour la mi septembre."
C'est en ces termes choisis, bien sentis et pesés que notre nouveau messie a annoncé la réforme des retraites.
Je ne vous referai pas le coup de l'antinomie du "temps qu'il faut" avec "la mi-septembre", simplement je remarque que le temps qu'il faut a des limites : celles fixées par Dieu.
Avant d'aller plus loin dans mes propos, il est indispensable que je vous mette au courant de la nouvelle hiérarchie spirituelle, ceci afin que vous puissiez mieux juger de la maîtrise du temps, de l'argent et de la proximité des êtres et des Etats.
-"Tout en haut se situe le Divin. Assis à sa gauche : son fils chargé de s'occuper de la chose religieuse et à sa droite : son porte parole, sauveur matériel du monde : Sarko."
Le sauveur a donc déterminé que le temps qu'il faut pour la concertation sur les retraites devait s'arrêter fin juin pour que le conseil des sinistres de juillet présente le projet de loi qui sera voté en assemblées à la mi-septembre. C'est comme dans Fort Boyard, l'émission de la 2, il y a les "maîtres du temps" … enfin, l'un d'eux.
Au-delà du temps, il y a la manière qui interpelle. Le porte-parole de Dieu a décidé non seulement d'un calendrier et d'un délai, mais également d'un guide de réflexions.
Il a fait ce cadeau d'anniversaire à Fion pour ses trois ans d'insignifiance comme chef du gouvernement.
Ce n'est que dans le cadre des directives qu'il a données que la négociation peut avoir lieu, car ce sont bien des directives qui figurent sur le document d'orientation que le gouvernement a adressé aux organisations syndicales. L'introduction de ce torchon est éloquente en la matière puisqu'il est écrit noir sur blanc :
-" Le gouvernement souhaite atteindre les objectifs qu'il donne, dans le respect de plusieurs engagements que ce document d'orientation a vocation à expliquer".
En d'autres termes, répondre durablement aux difficultés financières des régimes de retraite et conforter le régime français de la solidarité inter générationnelle doit passer obligatoirement par ce qui figure dans ces paragraphes. Toute autre démarche est totalement exclue de facto.
Et pourtant, ce farceur de Beurgh assurait il y a peu que rien n'était préparé d'avance et qu'aucune réforme ne sortirait des tiroirs. Espèce de faux cul menteur écoeurant que tu es.
Pour tenter d'amadouer le gogo bien conditionné par les médias, on "donne un coup de canif dans le bouclier fiscal" disent ceux-là même qui, hier encore juraient leurs grands dieux qu'il n'était pas question de toucher à ces mesures. Que voulez-vous, il faut bien donner le change ou mettre de la vaseline pour ceux qui n'ont pas l'habitude.
Après, on trouve tout ce qui fait plaisir au MEDEF : recul de l'âge de la retraite, augmentation de la durée des cotisations, pas touche au montant des cotisations, augmentation du taux d'emploi des seniors, destruction des régimes spéciaux, et j'en passe. Par contre, la prise en compte de la pénibilité et les différences de calcul public/privé, ça, on laisse aux organisations syndicales le soin de diviser la classe ouvrière sur les sujets. Quel travail est plus pénible qu'un autre, autrement dit comparer le physique et l'intellectuel en intérieur ou en extérieur ou même aligner les calculs sur le revenu le plus bas, les culs de plomb du gouvernement n'ont pas les testicules assez solides pour le faire … ils délèguent aux OS.
Que doivent donc faire les syndicats après la réception de se ramassis d'ordres qu'à terme on leur demandera de signer en les menaçant de les appliquer s'ils refusent ? S'ils sont dignes de représenter les travailleurs, ils doivent purement et simplement refuser de participer à une quelconque rencontre avec le gouvernement et le patronat.
Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons dont le première est le refus de se laisser dicter des directives par un groupuscule qui représente les citoyens mais pas les travailleurs. De plus, il existe d'autres manières que l'Etat refuse de prendre en compte pour réformer les régimes de retraite. Par exemple, pourquoi le COR n'a pas pris en compte la progression annuelle du PIB pour déterminer les besoins financiers à long terme ? A ce propos, je vous engage à voir le résumé d'un article de Bernard Friot, professeur d'économie et sociologie à l'université Paris X Nanterre chez mon ami Jeff ou l'article entier très édifiant ici.
En définitive, si les syndicats se rendent à ces pseudos rendez-vous de discussions, j'en serai fortement contrarié, c'est le moins que je puisse dire, mais si par hasard, comme je le pressens, certains d'entre eux signent un quelconque recul tel le report de l'âge de départ ou l'augmentation de la durée des cotisations, je les considèrerai au même titre que les collabos du gouvernement de Vichy et, non seulement je les boycotterai, mais je leur ferai une pub anti-syndicale forcenée car je pars du principe qu'il vaut mieux ne pas être représenté que l'être par des pantins.
Attendons de voir, mais je tremble d'avoir raison.