Woerth, vous connaissez ?
Si, si, Eric Woerth, le nom d'un petit gars bien de chez nous comme disait Jean Nohain à propos d'Erich Von Stroheim dans le Napoléon de Guitry en 1955.
Notre ministre du budget vient de déposer un amendement sur la loi de finances de 2010. Eh, les amis ! Il est fortiche l'adjoint au maire de Chantilly, le projet de loi n'est pas encore déposé que lui produit une demande de rectification.
La loi, comment ça marche ?
On dépose un projet sur le bureau de l'Assemblée Nationale, le document est remis à tous les députés qui, ensuite, proposent des amendements généralement rassemblés sous la bannière d'un groupe de l'assemblée, le tout avant les âpres discussions en séances entre 15 à 20 députés sur, je vous le rappelle, 577.
Lui, Woerth, il est plus fort que le système. Il est chargé d'établir le budget prévisionnel pour 2010, donc le projet de loi de finances à déposer à l'Assemblée et, comme il n'est pas content de lui, il y met en même temps une demande de rectificatif à ce qu'il a pondu. En termes de pénitences, cela s'appelle de l'auto flagellation, en termes de connaisseur de l'auto coup de pied au cul.
Mis à part la singerie du châtelain de Chantilly (qui est la crème de notre gouvernement de prosternés), qu'y a-t-il de si formidable dans cet amendement pour qu'il le mette à part de sa prose comptable ? La réforme des logements de fonction pour les … employés de l'Etat, autrement dit les fonctionnaires, car ne vous attendez pas à ce que l'on vous explique qu'on va faire payer un loyer aux ministres logés dans les pauvres palais de la République où ils sont obligés de faire suivre un talkie-walkie avec leurs femmes pour se retrouver tellement il y a de pièces.
Non, un rapport de 2003 de Véronique Hespel (Véro nique et se pèle, pardon j'ai pas pu me retenir), fait ressortir que l'état ne retire que 30 millions d'euros d'un pool de logements de fonction dont la valeur locative représente 1,4 milliards. Alors, le sinistre budgétaire a décidé de faire flamber les prix dans les logements de la fonction publique.
Les flics vont donc payer pour habiter dans leurs casernes comme s'ils étaient en HLM, idem pour les militaires quant aux professeurs de l'éducation nationale, désormais, ils paieront pour entendre brailler les gamins pendant les récréations.
Mais que croyez-vous que va faire tout ce beau monde quand le montant des loyers sera aussi intéressant que de rembourser un emprunt pour une maison ? Tout ce monde ira habiter loin du lieu de travail et bonjour la rapidité d'intervention des keufs, l'appel du matin pour les militaires et la surveillance des écoles hors des heures de cours.
Attention ! L'amendement prévoit que les préfets ne paieront toujours pas de loyer. C'est ça la raie publique. Pour faire bien, il est précisé que ces mesures pourraient s'appliquer à un nombre très exact de logements : entre 94 000 et … 137 000. On ne sait même pas combien l'Etat peut loger de fonctionnaires, c'est dire l'exactitude des calculs de notre ministre du budget.
Ah ! Pour être complet, il faut dire qu'à l'école primaire, ce sont les mairies qui fournissent le logement des instituteurs, ils devraient continuer à voir leur loyer modéré et les CRS auront toujours leurs cars pour taper le carton et picoler leur bière, voire dormir bien au chaud … l'été.
Tiens, monsieur Woerth, je vous soumets une idée :
-"Pourquoi ne pas acheter des camping cars pour les flics ? Ils pourraient dormir sur le lieu d'intervention. Les militaires sous des tentes dans les prés pour qu'ils soient spontanément présents à l'appel du matin … avec leurs familles, quant aux professeurs, aucune importance, on continue de supprimer leurs postes et le problème de logement est réglé.