Quelle n'est pas ma stupeur, aujourd'hui, devant un sondage sur Le Post à propos de l'éventuelle grève des routiers.
Question :
Si les routiers bloquaient les routes, qu'est-ce qui vous manquerait le plus pour noël ?
Réponses possibles :
- Les produits exotiques: indispensables sur ma table !
- Les cadeaux: je compte commander plein de choses sur Internet
- Tout puisque je n'ai encore rien préparé …
- Rien. Pour le repas et les cadeaux, j'ai tout sous la main …
Les principaux syndicats des chauffeurs routiers ont déposé un préavis de grève avec blocage des entrepôts de marchandises pour le 13 décembre à 21 h 30.
Voilà comment on organise l'impopularité d'un mouvement social. Potentiellement, 500.000 chauffeurs vont perdre des journées de salaire et il se trouve toujours des médias pour bien mettre en évidence la gêne que va occasionner le mouvement.
Vous allez voir bientôt apparaître dans toute la presse des articles qui vous expliqueront qu'à cause des routiers vous ne pourrez pas acheter les huîtres, le foie gras ou la langouste de votre réveillon. Eh oui, c'est beaucoup plus important le réveillon que les salaires de misère que perçoivent les routiers aux yeux de tous les détracteurs des grévistes.
1300 euros bruts par mois à l'embauche, ça n'émeut pas les journalistes qui ne trouvent rien de mieux que de regretter les éventuelles pénuries de victuailles pour les réveillons. N'aurait-il pas été plus sérieux de poser la question des salaires de gens qui "roulent pour nous", de jour comme de nuit, souvent poussés par un patronat qui n'a guère plus de sentiments que les restaurateurs à l'égard de leur personnel, de demander, par exemple si les français jugeaient suffisant le salaire des forçats de la route, s'ils pensaient que les temps de conduite n'étaient pas trop longs ou si les nuits passées hors de la famille ne les atteignaient pas moralement.
Pour revenir à la question posée sur Le Post, que manquerait-il le plus pour noël … aux chauffeurs routiers … certainement l'argent nécessaire pour faire une petite fête de famille, et c'est pour cela qu'ils demandent un treizième mois outre les augmentations qui leur permettraient d'arriver au niveau du SMIC.
Voilà, on va voir maintenant comment le patronat agit, si, comme le prévoit la loi, il va mettre à profit le préavis (plus long que le prévoit la loi en l'occurrence) pour négocier. On va voir aussi et surtout entendre les réactions de nos chers gouvernants si les routiers étaient conduits à mettre leur préavis à exécution.
Je gage que toutes les forces médiatiques se mettront en marche pour monter la société contre ces "salauds de grévistes qui nous empêchent de festoyer en rond".
Voyez comment, dès à présent, se prépare la bataille psychologique contre les grévistes, cette bataille que l'ensemble de joyeux drilles état patronat savent si bien mettre en scène pour le plaisir de diviser le population.
Diviser pour régner, vous la connaissez non cette maxime royale ?