Cette année, il n'y avait pas de bal du 14 juillet, c'était le bal des vampires … pires que tout …
Comment peut-on à la fois déployer un échantillon gigantesque de notre force militaire, vanter ses mérites et regretter que les soldats qu'elle montre soient liquidés comme de la chair à canons dont se servent nos dirigeants pour tenter de prouver au monde qu'ils savent exister dans l'ombre de l'oncle Sam ?
A quoi elle sert notre armée, en dehors des parades qu'elle organise dans le pays ?
-" A exercer ses talents sur des terres où elle est censée apporter la démocratie à des gens qui n'en veulent pas, un peu comme les conquistadors qui voulaient apporter la parole de l'évangélique à des peuples qu'ils massacraient pour leur faire entendre raison."
Le plus curieux de la situation, et vous direz certainement que je me répète, c'est qu'on veut imposer la "démocratie" essentiellement dans les pays où se trouvent des gisements de pétrole. Les autres, on s'en fout complètement, leurs habitants peuvent crever la bouche ouverte, on se contente de "les plaindre" et de se fier aux ONG pour assurer le minimum vital.
On nous gave avec de l'Afghanistan ou de la Libye à longueur de journaux télévisés, mais on oublie soigneusement de nous parler de Somalie ou de certaines contrées d'Afrique sub-saharienne.
Mais qui d'autre que notre petit roi décide d'envoyer au massacre des femmes et des hommes dans le seul but de faire passer notre pays pour une grande Nation à la tête de laquelle siège un stratège géopolitique ? Personne, et pourtant, sa cour d'immondes rampants défend et même encense la stratégie inconséquente de l'ersatz de monarque.
Et voilà que lors de ce 14 juillet, on apprend le décès de 6 de nos soldats dans les collines inhospitalières d'Afghanistan, ce qui provoque l'émoi chez ceux qui les ont envoyés se faire flinguer, émois repris en chœur par les médias qui s'épanchent sur ces pauvres soldats "morts pour la France". Je me permettrai à ce propos quelques rectificatifs et précisions qui me paraissent remettre les faits dans leur contexte et dont la nature découle de simples constats.
Tout d'abord, s'il s'agissait de tomber "pour la France", cela voudrait dire qu'il est question de le défendre or, en l'occurrence, nous ne sommes pas chez nous mais dans le pays que l'on veut "pacifier". Ensuite, aux dires du sinistre personnage servant de ministre des armées, confirmé par les intéressés eux-mêmes, les soldats présents sur les champs de bataille (pardon pour instaurer la démocratie) sont des volontaires qui plus est faisant leur métier puisque la France n'a plus d'appelés dans ses rangs. Le ministre est clair à ce sujet, les militaires, lorsqu'ils s'engagent savent qu'ils peuvent donner leur vie pour la France et l'acceptent. Ceci étant posé, je ne vois pas pourquoi on s'épanche avec compassion sur le sort d'hommes fauchés en pleine jeunesse en faisant leur métier.
Je prends souvent l'exemple des couvreurs qui tombent du toit et pour lesquels un silence assourdissant est fait au niveau national. Figurez-vous que j'ai bien connu deux de ces ouvriers qui refaisaient la toiture d'un vieil immeuble de trois étages à Béziers. L'un d'eux a glissé et son copain a tenté de l'attraper par une main. Le premier a chuté au sol et le second lui est tombé dessus. Résultat un mort et un blessé handicapé à vie physiquement mais aussi moralement par la culpabilité du décès de l'autre… Mis à part le quotidien "Midi Libre" qui en a parlé en page régionale, les autorités nationales n'ont même pas eu connaissance du fait divers et la télé est restée muette sur le sujet. Il est vrai que ces deux ouvriers n'avaient pas accepté le risque de donner leur vie pour quelques tuiles et surtout que le roi ne les avait pas envoyés sur le toit pour remplacer la vieille couverture.
Voyez-vous, chers lecteurs, je n'ai rien d'un "vert", mais je pense que la candidate écologiste a une excellente idée de vouloir supprimer le défilé du 14 juillet qui ne sert qu'à la même démonstration que celle qui était autrefois reprochée aux maîtres du Kremlin, à ceci près que n'intégrant plus d'appelés dans ses rangs, l'armée n'a pas plus d'impact sur l'opinion à défiler que les artisans ou commerçants de tous les corps de métiers. Le premier ministre, avec toute sa faconde sarkozyenne, a fustigé l'idée de l'ancienne juge au prétexte qu'elle n'avait pas assez d'ancienneté dans la nationalité pour comprendre qu'il fallait maintenir la tradition. Je lui rappellerai que pour la tradition, il faut simplement remonter à 1880 et Jules Grévy pour trouver la première fête officielle du 14 juillet (juste deux jours après la suppression du repos hebdomadaire obligatoire le Dimanche). Et en guise de rappel, l'origine du 14 juillet est la prise de la bastille par le peuple qui voulait abattre les privilèges alors qu'aujourd'hui, le défilé est organisé pour montrer ce dont disposent les dirigeants pour préserver les privilèges.
Voilà, j'en ai assez des jérémiades au sujet des militaires et de leurs morts au même titre que le défilé du 14 juillet me gave gravement. On possède une armée qui ne sert qu'à l'aura de nos dirigeants puisqu'elle n'intervient pas, et c'est très bien, à l'intérieur de nos frontières (sauf la gendarmerie) et qui de ce fait n'a pas besoin de faire démonstration de force et lorsqu'un soldat professionnel perd la vie en faisant son métier, je compatis au même titre que pour mon copain le couvreur.