Ce samedi, après m'être diverti sans arrière-pensée devant l'émission "Stars du rire" sur France 2, je me suis calé dans mon canapé pour assister au début de l'émission de Ruquier "on n'est pas couchés". Je vous passe la présentation des présents et le regret des absents et je me suis laissé entraîner jusqu'à l'apparition de l'invité politique : monsaigneur Frédéric Lefebvre. Là, soucieux de ne pas assister à une énorme farce granguignolesque, je me suis plongé dans la lecture de mon journal préféré : Midi Olympique … et mon plongeon n'a duré que quelques minutes, juste le temps que Ruquier rentre bille en tête dans son invité à propos du livre qu'il était censé venir présenter. 522 pages que je n'ai pas lues et ne lirai pas pour la simple raison qu'il est hors de question de faire entrer un seul centime dans la poche de cet espèce de nul, surtout qu'il s'agit en majorité d'une série de copiés collés pris sur des sites comme "Wikipedia", "AFP" et autres "lecourrier.ch". Mais ce qui a attiré mon attention dans les propos de l'animateur de France 2, c'est la lecture de la comparaison pécuniaire que fait monsaigneur au sujet de la rémunération des médecins.
Pauvre biquet, il a eu honte de payer 28 euros au rhumatologue (10 ans d'études) alors qu'il ne donne que 23 euros pour le généraliste, 8 euros pour le voiturier, 15 pour une heure de femme de ménage et 30 pour une leçon de piano ou de guitare. Voilà qui s'appelle se rapprocher du peuple, lui montrer que ses préoccupations en matière salariale sont au premier plan des soucis du ministre de la consommation, car c'est notoire que tout français moyen a recours au service de voituriers quand il va au Georges V, utilise une femme de ménage deux ou trois heures par jour et prend deux cours de piano ou de guitare par semaine.
Attends, gradutif, j'ai juste quelques remarques un peu plus désobligeantes que celles des animateurs de télé, mais qui vont peut-être te faire toucher du doigt la réalité quotidienne du citoyen moyen de ce pays.
Tout d'abord, il faut avoir les pieds sur terre et admettre que les toubibs dont nous avons tous besoin et qui, c'est vrai, font des années d'études (entre 5 et 10), sont des fonctionnaires de la Sécurité Sociale et si on rapporte leur salaire réel à celui d'un ingénieur des ponts et chaussées par exemple, dont la durée d'études est sensiblement la même, il n'y a pas de quoi pleurer, la seule différence notoire, c'est que le toubib doit passer quelques 15 à 20 clients pas jour s'il veut dépasser l'ingénieur sans soucis. Et je ne fais état que du généraliste …
Pour continuer dans ma mise au point, je connais bien des personnes qui abandonneraient volontiers leur métier pour devenir femme de ménage à 15 euros de l'heure (2800 euros par mois). Pour le voiturier, c'est différent, les 8 euros constituent un pourboire et dans ce cas, c'est soit 5, soit 10 euros qui sont généreusement donnés par les ministres à la petite semaine comme le sieur Lefebvre parce que les princes et les émirs (pardon, il ne faut pas parler des arabes) se fendent de 100 voire 500 euros et pour le coup, le toubib, il a l'air de l'éboueur du coin. Enfin, toujours dans le souci de remettre les notes sur la portée, je dirai que l'exemple du professeur de piano ou de guitare est plus démagogique que tous les discours du FN réunis. Cette personne a souvent commencé la musique vers l'âge de 5 ou 6 ans, en plus de sa scolarité, passé des centaines d'heures sur son clavier ou ses cordes, subi une batterie d'examens tous plus durs les uns que les autres afin de commencer l'exercice de sa profession autour des 25 ou 30 ans, rarement plus de 3 après-midi par semaine avec un élève à l'heure, ce qui leur permet d'engranger royalement 1800 euros bruts.
Si le bouquin est aussi documenté que ça du début à la fin, il me paraît indispensable que Lefebvre aille vivre dans le pays qui correspond aux normes qu'il avance mais qui n'est certainement pas la France.
Quand un ministre organise un panier "a la portée de tous les ménages" à acheter chez les plus gros arnaqueurs de la distribution et qu'il en fait fixer un prix qui permettrait de remplir un caddie chez les hard discounters où bien lorsqu'il recommande de repérer les prix des carburants sur Internet, il ne lui reste qu'à regagner son antre et y rester, il n'a rien à faire parmi ses congénères.