C'est un dimanche très particulier que ce 3 janvier 2016. Je m'apprêtais à rappeler l'anniversaire de la tuerie de Charlie, mais voilà qu'une bouffée de tristesse arrive comme pour parachever la lourdeur de l'époque : Michel Delpech vient de nous quitter.
Alors quoi ? Me direz-vous, juxtaposer un évènement d'une gravité incommensurable et la mort d'un chanteur, où est le rapport ?
C'est simple, Delpech "peignait" la France de son temps, celle des années 60 à 80, à la fois insouciante et responsable. Il évoquait les écueils, les contestations et l'attachement à la terre des français.
Le parallèle est vite fait avec Charlie, même si ce dernier reste caustique et acerbe dans ses termes.
Quand on fait la liste des titres de notre chanteur, il y a de quoi écrire le roman de deux décennies. De "l'inventaire 66" qu'il faisait pour fustiger les hommes politiques de l'époque à "terre d'amour" de 1992, les morceaux parlent d'eux même.
"Chez Laurette", "L'année de nos quinze ans", "T'en fais pas", "Quand on aime comme on s'aime", "Il faut regarder les étoiles".
De la nostalgie au futur, il nous incite à la réflexion sur le temps qui passe et il jalonne ce temps par des étapes de vie ou d'expériences collectives, voyez plutôt :
"Wight is Wight", "Même pendant la guerre on chante", "Rimbaud chanterait" …
Dans le domaine de l'amour, il évoque le vécu de beaucoup de monde : "Pour un flirt", "Fan de toi", "Les aveux", "Tu me fais planer", "Les divorcés", …
Et comment ne pas parler de son observation de la ruralité :
"Le chasseur", "Le Loir et Cher", "Animaux, animaux", "Petite France", …
Enfin, et c'est là que le chanteur rejoint le journal : "Vu d'avion, un soir" (où il décrit un pays de paix) et "Que Marianne était jolie" (avec la cinquième république déboussolée).
Il était visionnaire sur sa propre vie : "Quand j'étais chanteur", "Longue maladie" et "Pleurer le chanteur".
Je sais, j'ai tout mélangé, mais c'est volontaire, aujourd'hui, tout se mélange dans mon esprit et je suis tout aussi triste pour la perte de Michel Delpech que pour le souvenir de la tuerie de Charlie. Merde, ce sont des pans de ma jeunesse qui foutent le camp : les dessinateurs de Charlie et maintenant Delpech … c'est là qu'on s'aperçoit que l'on vieillit.